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TAILLEUR DE CIRE, TAILLEUR DE SON

Avec près de 800 concerts à son actif, Wax Tailor signe un nouvel album, Fishing For Accidents.Ses morceaux entremêlent rythmes lancinants, extraits de vieux films, électro, hip hop, vocaux… Rencontre avec un artiste attaché à sa liberté.

©Ronan Siri

Guillaume Bouvy : Que trouve-t-on de nouveau dans ce nouvel album ? 

Wax Tailor : Fishing For Accidents s’inscrit dans la continuité de The Shadow or Their Suns (2021). Je suis un peu un obsédé du contrôle. À partir du moment où on capture un accident dans la création musicale, cela devient une intention artistique. J’emprunte ce concept à Orson Welles : les accidents ne sont pas un processus, mais des éléments de la création. 

G.B. : Comment définiriez-vous le style de cette nouvelle création ?

W.T. : J’ai cessé de me battre avec les étiquettes. Et en même temps, c’est un mal nécessaire et ça rassure. Je définirais ma musique comme du hip-hop orchestral, avec une prédominance d’arrangements qui tendent du côté du vocal et du mélodieux. J’ai été biberonné par les Beatles, le rap et un peu de chanson française. Mon héritage vient du hip-hop et du sampling. Je découpe et retravaille tous mes morceaux sur vinyle. Je bricole, je fais des tentatives. Mon but est de toucher les gens, évoquer des images pour ouvrir des petites fenêtres. Cet album est plus lumineux, même si l’on retrouve toujours des accords mineurs.

G.B. : Qu’est-ce qui est le plus important pour vous dans votre travail ?

W.T. La liberté est essentielle. Cela fait 25 ans que j’ai mon label indépendant. Dès que j’ai des comptes à rendre à quelqu’un, je ne sais pas faire. J’ai pourtant eu de nombreuses propositions de gros studios. Ce n’est pas un effet d’annonce, mais parfois, je me pose des questions : est-ce que ça va continuer comme ça ? La scène, c’est un peu comme une montagne avec une belle vue qu’on connaît. On sait qu’il y a trois heures de marche pour y aller, et c’est très escarpé. On se demande toujours : sera-t-on capable de recommencer ? 

G.B. : Quelle évolution avez-vous notée ces dernières années ?

W.T. Mon point de vue sur la société n’a pas bougé d’un iota. Les rapports sont biaisés par la reproduction sociale. C’est toujours David contre Goliath. Les armes sont inégales, les choses sont distribuées d’avance. Je savais tout ça quand j’ai commencé, mais ça reste violent, même aujourd’hui.  La concurrence est encore plus importante. Maintenant c’est plus difficile, les gens sont sollicités de toute part. Les billets sont trop chers et je ne suis pas très Insta-compatible… Ce n’est pas parce que les autres font n’importe quoi qu’on est obligé de s’aligner !

Propos recueillis par Guillaume Bouvy


Article paru dans le numéro d’avril/mai d’ArKuchi

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