Le Centre national de référence (CNR) du staphylocoque des Hospices Civils de Lyon (HCL) a présenté les premiers résultats de l’enquête sur le choc toxique lié aux règles menée durant un peu moins d’un an. Quelque 700 tampons ont été collectés (la collecte est terminée).
Les premières analyses montrent que les produits (tampons et coupes) présents dans le commerce « semblent avoir un effet neutre, voire bloquer le développement du staphylocoque », annonce le Pr Gérard Lina, chef de service au HCL (CNR du staphylocoque). Le choc toxique semble plutôt « résulter d’un défaut d’information » sur l’utilisation du tampon.
« Malgré des émissions de TV très alarmantes nous avons pu constater en incubant des tampons dans un milieu de culture, en présence de staphylocoques, aucune protection ne favorise la croissance et la production de toxine », souligne le Pr Lina.
Des recommandations en pratique
Les chercheurs ont testé les marques les plus utilisées et tenté de reproduire les conditions de culture se rapprochant le plus de l’intérieur du vagin, avec peu d’oxygène. Les coupes menstruelles seraient davantage sujettes à la production de toxine, en raison d’un diamètre plus important que les tampons, permettant une arrivée d’air et donc d’oxygène. Un constat à relativiser, puisque cela dépend aussi du diamètre desdites coupes.
Le Pr Lina et le Pr François Vandenesch, directeur du CNR, ont rappelé quelques recommandations : ne pas dépasser les temps d’utilisation des tampons, soit entre 4 à 6h et ne pas utiliser de protection durant la nuit. « Quand on les utilise correctement, le risque est moindre, mais pas de zéro », souligne le Pr Lina.
Si la collecte de tampons est terminée, les analyses vont se poursuivre d’ici la fin de l’année. Un appel est par ailleurs lancé aux femmes qui souhaitent participer à une enquête sur leurs pratiques.
Parallèlement, une étude lancée par le CNR et le Programme de médicalisation des systèmes d’information (PMSI) devrait permettre d’évaluer correctement l’incidence de la maladie, estimée actuellement entre 1 pour 1 million et 1 pour 100 000 personnes. « Le problème est qu’il n’y a pas de code pour le choc toxique. Un code pour la toxicité existe, comprenant les chocs staphylococciques menstruels et non menstruels, mais aussi pour les chocs streptococciques et autres chocs toxiques. Nous avons dû effectuer l’épluchage de dossiers, et les chiffres correspondent plus ou moins à ce qui avait été prédit au CNR », explique le Pr Vandenesch.
Sensibiliser les patientes et les médecins
Selon les données du CNR, le nombre de cas de chocs toxiques recensés a fortement augmenté dans les années 2000, de 5 en 2004 à 19 en 2011, avant de se stabiliser autour de 20. Mais « Lyon reste à part du fait de la relation privilégiée entre les médecins, et il n’est pas certain que cette observation soit représentative de l’ensemble des CHU ». Est-ce dû à la notoriété du CNR ou à une réelle recrudescence ? « Quel que soit le nombre de cas, s’y intéresser nous semble justifié. D’un point de vue de santé publique, il s’agit de voir si nous sommes face à une menace sanitaire exponentielle », souligne le Pr Lina.
Dans les années 1980, la mortalité liée aux chocs toxiques était de 20 à 30 %. Elle est aujourd’hui inférieure à 1, proche de zéro. Toutefois les erreurs de diagnostic et l’errance diagnostique n’ont pas disparu. Les chercheurs plaident pour une meilleure formation des médecins et des adolescentes, notamment en milieu scolaire.
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